
Elle ne part plus en vacances
Elle ne part plus en vacances.
Elle ne compte plus le nombre de coups de fil au Samu, fausses alertes, grands adieux et petits chantages.
Le nombre de frigos et de formulaires administratifs qu’elle a remplis.
De médicaments qu’elle a achetés, comptés, triés.
De médecins, infirmières, auxiliaires, travailleurs sociaux avec qui elle a parlé.
De critiques et de mensonges qu’elle a entendus.
De petites phrases qui tuent.
Prononcées par ceux-là même qu’elle essaie de protéger.
« Ma mère n’en a jamais fait mystère, elle aurait préféré avoir des fils. Mais depuis quelque temps, elle s’est ravisée. “Les filles quand on vieillit, c’est mieux.“ Des filles retraitées, divorcées, dont les enfants ont grandi, qu’on ne considère plus comme des personnes mais comme des fonctions. Corvéables à merci. Alors les gens qui vous disent “c’est beau !” quand ils apprennent que vos deux parents sont encore vivants à 95 ans, je ne peux plus. Je leur réponds que non, parfois, ce n’est pas beau. »
Quand j’ai rencontré Louise, on a beaucoup ri.
Parce que c’est l’humour qui l’aide à tenir.
L’humour et sa sœur Aurélie avec qui, en mode commando, elle partage tout.
La disponibilité, l’hypervigilance, les angoisses, l’épuisement. Ces sentiments inavouables et ambivalents.
Le refus de l’Ehpad, le rouleau compresseur du maintien à domicile.
La peur de perdre ses parents, l’espoir que tout s’arrête, enfin.
Une fin de vie qui rebat toutes les cartes, piétine la relation filiale, fait remonter toutes les blessures de l’enfance, une fin de vie tissée de souffrance, de tous les côtés. Pour Louise et Aurélie tout tenait, douloureusement, mais tout tenait. Jusqu’au jour où…
« Aidants et charge mentale : au secours mes parents sont immortels », c’est à lire sur le site du ELLE.
Louise, tu sais où ce récit est venu me percuter. Votre confiance, à toi et à ta sœur, est immense. Ma gratitude aussi.
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