
Mon mari, son succès
C’est un terrain miné, le succès. Comment le savourer à haute voix, comment en parler sans agacer ? Le tout-Paris littéraire n’est pas LinkedIn, il faut y avoir le triomphe modeste. Être déjà attelé à son prochain chef-d’oeuvre, mépriser vaguement les honneurs, ne pas trop remercier les lecteurs (ça fait peuple). Tout prendre avec flegme et circonspection, alors qu’on a passé des années à suer sur un texte pour en être fier. Garder ce grand vertige pour soi, au fond.
Je pensais qu’il était impossible de parler du succès littéraire. Et puis je suis tombée sur Maud Ventura.
Avant même de lire et d’aimer « Mon mari », son irrésistible best-seller, j’ai lu et aimé ce que Maud raconte sur le succès. Les trains, les chambres d’hôtel, les fringues piquées aux copines pour la promo. Le maquillage de plateau, les têtes de gondole partagées avec ses idoles, les dédicaces signées à la lumière de l’iPhone. Les « sourires niais » et les souvenirs dévoilés a posteriori, la typo énorme sur son ordi, la pâte à cookie crue mangée à la cuiller pour se donner du courage, les dix manuscrits reliés avec Papa et Maman, les grandes enveloppes en papier kraft et les cartouches d’imprimante. Les dizaines de photos prises à chaque étape, pour marquer le coup et savourer, encore et encore.
Je suis tombée sur Maud Ventura et je lui ai demandé de tout me raconter. Comment le succès se documente, se vit et se partage. Et qu’est-ce qu’on dit à Annie Ernaux, le jour où on la croise.
Son interview est en ligne sur le site du ELLE.
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