Boîtes à secrets héritées de ma tante.
Une grande femme sèche et pugnace, qui nous aimait à sa façon. Sans tendresse, mais avec une patience infinie pour nous occuper, nous éveiller. Extraordinairement présente. 

Je me souviens de ces carnets de voyages qu’elle me faisait remplir, enfant, quand on partait l’été à la montagne avec ma grand-mère, toutes les trois. Chaque journée était une aventure qu’il fallait consigner en mots et en dessins. Moi gambadant au milieu de ces deux têtes blanches, qui ont vécu ensemble toute leur vie et que les passants prenaient pour des soeurs.

Ma tante était devenue l’aïeule de la famille, depuis de longues années.
Elle est morte l’été dernier.

J’aime l’idée que cette femme-là, qui n’avait peur de personne et pour qui l’expression “droite dans ses bottes” semblait avoir été inventée, ait conservé ses courriers, reçus et photos dans ces boîtes de jeune fille en fleurs. Ça en raconte si long sur elle.
Son coeur était plus grand qu’on ne l’a jamais soupçonné, tant la carapace était dure. Et on ne le lui a probablement pas assez dit. 

Aujourd’hui c’est moi qui range mes petits trésors dans ces boîtes.
J’y trouve une douceur troublante.
Comme si toute la tendresse non-dite s’était encapsulée là, entre ces pétales romantiques.

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