Première fois que je pouvais venir le voir depuis l’opération, ma mère avait cédé sa place. À cause du Covid il n’avait droit qu’à une seule visite par jour.
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J’avais repris la to do list de ce 9 juin 2021. Changer les fleurs sur le rebord de la fenêtre, glisser de la monnaie dans la poche de son jean, aller lui chercher le journal au kiosque du rez-de-chaussée avant que ça ferme, donner le papier de la mutuelle aux admissions, prolonger l’abonnement payant pour la télé.
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Nadal venait de perdre un set et il fallait changer le code, ce fichu code.
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Quand on a passé sa carrière dans l’électronique à réparer des trucs, on tolère mal qu’ils n’obéissent plus.
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Ce jour-là, je n’avais pas encore lu ces pages d’Annie Ernaux dans « Une femme », où elle raconte l’impatience qui gouverne tout en vieillissant.
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Il a tapé sur l’écran comme on tapait sur la télé, autrefois, quand l’antenne ne captait pas bien. Il a eu ce geste immémorial, ce geste venu du passé, ce geste qui a laissé surgir dans la chambre d’hôpital le père qu’il avait toujours été, le père qu’il redevenait, et évidemment l’écran s’est fracturé. J’ai tout de suite pensé : « Maman va être furax ! Elle nous laisse seuls deux secondes et on casse un truc. » Puis j’ai ri. Et il a ri aussi, comme un gamin.
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S’il était encore capable de s’énerver pour suivre du tennis à la télé, c’était qu’on tenait le bon bout.
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Bonne fête Papa. Je te souhaite encore plein d’appareils à malmener, même si ça fait enrager Maman.