Le week-end dernier nous avons mis nos poussettes et vieux siège auto sur le trottoir, devant chez nous.

J’ai envoyé un texto à ma mère pour lui demander si je pouvais aussi déstocker la sienne, stationnée dans notre garage et le même état d’usure. « Oui tu peux, à part si vous prévoyez le numéro 3 dans un futur proche ! », s’est-elle amusée, connaissant déjà la réponse.

C’est acté depuis longtemps, ça l’est ouvertement, dans nos diverses conversations sur le sujet, en couple, en famille, entre amis.

Mais mettre des poussettes à la porte de chez soi, c’est acter en pratique. Par le geste, par l’objet, par la matière. Et par le symbole.

Il leur a fallu tout le week-end pour disparaître du trottoir, les passants les ayant souvent cru oubliées. Sonnant pour alerter, vérifier.

« Non, non, on les donne ! » Devoir le redire encore, haut et fort. C’est fini. Le pacte est signé. Ce pacte définitif avec la nostalgie.

Non pas celle des bébés à venir, mais celle des bébés déjà nés, de leur onctuosité vertigineuse. Totalement disparue chez Ève. Menacée chez Anouk, qui chaque jour s’allonge et s’affine un peu plus. Dont les petits pieds bombés, les fesses un peu lourdes et les joues moelleuses sont mes derniers refuges. Un monde bientôt englouti.

Tableau : Sandra Cunningham

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