Le journal m’a envoyé un SMS juste avant la première affaire. Celle de Florence Porcel. « Toi, il s’était passé quoi avec PPDA ? » C’était devenu une vieille rengaine. Dans mon service, tout le monde s’en souvenait. De Nicolas Hulot, moins. Ça avait eu lieu en premier, pourtant. 

Moi-même, j’ai dû fouiller dans mes papiers pour retrouver la chronologie des événements. 

Comme s’ils étaient associés, parallèles, alors que plusieurs années les séparent.

Comme si, avec le temps, ils avaient intégré le même récit. Ces red flags que je n’avais pas su voir. 

C’était d’abord une phrase, une seule. Sortie de nulle part à la fin d’une interview banale. Une perche tendue après avoir fait le boulot, comme si c’était là le scénario approprié, dans de telles circonstances et dans leur position. Faire connaître brutalement leur intérêt, et imploser le cadre de la rencontre.

(…)

Je savais depuis le départ que « Glory Box » contiendrait un chapitre sur Hulot et PPDA. Qu’il paraîtrait après les fêtes, après des récits déjà plus nets dans mon esprit.

Hulot-PPDA c’était cette île brumeuse au large. Dont j’apercevais les contours mais pas la superficie. 
Y aller, c’était écrire sur et depuis l’impunité. Depuis cette double strate de récits.


Normaliser et ne pas normaliser, soupçonner et ne rien soupçonner.
Deux ressentis qui ont cohabité mentalement pendant plus de dix ans.


L’un biberonné de culture gauloise, de « male gaze », d’une sorte de pragmatisme rigolard. « C’est ça la France ma cocotte ». Ce récit qui ne voit le mal nulle part, qui vous permet de continuer à travailler sereinement et que vous finissez par alimenter vous-même.

L’autre, plus instinctif et plus enfoui. Une mémoire vive qui ne parle pas mais qui enregistre, stocke les informations, les événements, les dissonances, sans les nommer ni les ordonner vraiment. 

Une boîte noire. Celle que l’on ne fracture qu’en cas d’accident.

Intitulé « Les ogres », le chapitre 5 de « Glory Box » sera dans vos messageries et sur Kessel ce dimanche 15 janvier vers 17h.
Ce récit s’étend de 2009 à 2023. Quatorze ans pour tenter de comprendre un système, ses réflexes et ses ramifications.

Infos et abonnement dans l’À propos de Glory Box

Chapitres précédents :
1 – Pleurer des rivières (en accès libre et intégral)
2 – Les filles lisses
3 – Lost in L.A.
4 – L’open space

Tableau : Miles Johnston

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