Pas mis cette robe depuis des mois. Mais ce matin, j’ai fait pleurer Ève.

Une énième prise de tête sur ses cheveux emmêlés, sur le temps qu’il faut y consacrer chaque jour, sur l’impossibilité d’enlever les nœuds délicatement et patiemment ensemble, à quelques minutes du départ pour l’école.

Mon sermon sur le goût de l’effort qu’elle n’a pas encore, pas assez, ça se vérifie dans d’autres domaines. Elle va vers ce qui lui est facile car des facilités, elle a la chance d’en avoir.

Depuis, tourner cette conversation en boucle dans ma tête, repenser à ses yeux pleins de larmes devant l’école, me souvenir à quels points certaines phrases nous programment.

Me sentir nulle car c’est ce que les mères font, n’est-ce pas, se sentir nulles.
C’est les cheveux ou c’est autre chose. C’est ne pas trouver les bons arguments, le bon rituel, la bonne approche, se le pardonner pendant des mois ou des années parce que c’est ça être parent, c’est tâtonner, se planter et tâtonner encore. Et puis se dire au bout d’un certain nombre de mois ou d’années que merde c’est bon, on devrait l’avoir trouvée, l’approche.

Je ne me souviens pas de ce qu’on exigeait de moi à 8 ans. De ce que j’étais capable de faire ou non. J’allais à la même école qu’Ève. Ce soir, j’ai rendez-vous avec sa maîtresse pour la remise du livret scolaire, je gravirai ces mêmes escaliers que mes parents gravissaient pour moi il y a trente-cinq ans.

Et j’aurai cette robe qu’Ève adore. Pour qu’elle sache, avant même de m’entendre le lui dire, que j’ai pensé à elle toute la journée.

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