« Ce ne sont pas ces nuits-là. Ces vénéneuses nuits parisiennes où se croisent ce qu’il faut de gens importants, arty, bohème. Ces nuits racontées mille fois et qui le seront mille fois encore dans les livres de celles et ceux qui comptent. Ce sont les autres nuits. Les miennes.

Ces nuits de parkings et de sous-sols. De pied sur la piste et d’oeil sur la montre. 
Ces nuits sans alcool, sans audace et où demeure l’impression de n’être pas à sa place, ni dans le bon tempo. 


Dehors, c’est Lisbonne, Cannes ou Rungis. Dedans les autres dansent, les autres chantent, les autres boivent. Les autres me parlent, « t’écris quoi ? » 

Mes nuits ne sont pas la nuit, juste l’extinction du jour et sa continuité. Travailler, observer, noter, s’isoler, rédiger, s’exfiltrer.

S’exfiltrer c’est la première pensée, toujours. Avant que ça ne commence, avant même d’y être. Visualiser l’étape d’après : rentrer. Et toutes les images qui vont avec, le trottoir mal éclairé, le ticket de stationnement, la bretelle d’autoroute. Quand tu conduis, tu te gères. Jusqu’à quelle heure est-ce que je serai lucide ? Avoir assez mangé avant. Ne pas être écrasée de fatigue dans une ligne droite de l’A6.
Parfois, la ligne droite va jusqu’à Ibiza. »

Quand j’ai pris mon premier poste dans une rédaction, personne ne m’imaginait écrire la nuit, sur la nuit.
Personne, et surtout pas moi.

« Nightcall », le chapitre 6 de « Glory Box » sera publié sur Kessel et envoyé dans vos messageries ce mercredi 15 février vers 17h. Infos et abonnement dans l’À propos de Glory Box.

Chapitres précédents :
1 – Pleurer des rivières (en accès libre et intégral)
2 – Les filles lisses
3 – Lost in L.A.
4 – L’open space
5 – Les ogres

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