Je n’ai jamais considéré mon corps comme performant, je l’ai plus souvent trouvé limité, manquant de souffle, de puissance, de technique. J’ai toujours fantasmé sur ces filles athlétiques, dont la force se devine à l’œil nu.

Pourtant c’est bien ce même corps qui, depuis les cours d’EPS où je n’ai jamais brillé, me donne tous les jours l’énergie d’entreprendre et de prendre soin des miens.

L’année dernière, j’ai cru qu’on allait se réconcilier. J’avais trouvé des cours de yoga dans mon quartier, enfin la discipline qui rendait justice à ce corps, où les limites de souffle, de muscle, de technique ne m’apparaissaient plus. Ça m’a fait un bien fou. Ne pas tout recommencer à zéro comme à chaque fois que je reprends une raquette de tennis, et qu’il me faut des semaines pour renouer avec ma précision d’antan.

J’ai connu l’euphorie des débuts, avant de me laisser à nouveau engloutir par le quotidien, les enfants, le travail. Et de ne plus sanctuariser le yoga.

Ce qu’il faut pourtant d’énergie, d’énergie physique, pour traverser ce quotidien. C’était bien mon corps qui me la fournissait. Mais j’ai recommencé à le mettre à distance de moi.

Alors quand ce matin ma prof de yoga Sandrine a lu un texte de Jacques Salomé, à la fin de notre premier cours de l’année, intitulé « Lettre à mon corps », certains passages ont résonné très fort. Les voici :

« (…) Je ne t’ai pas accordé l’intérêt, l’affection ou plus simplement le respect que tu mérites.
Souvent, je t’ai même maltraité, matraqué de reproches violents, ignoré par des regards indifférents, rejeté avec des silences pleins de doutes.

Tu es le compagnon dont j’ai le plus abusé, que j’ai le plus trahi. 

(…)

Combien de violences as-tu affrontées pour me laisser naître, pour me laisser être, pour me laisser grandir avec toi ! Combien d’accidents as-tu traversés pour me sauver la vie !

Mon corps, maintenant que je t’ai rencontré, je ne te lâcherai plus.

Nous irons jusqu’au bout de notre vie commune… Et quoi qu’il arrive, nous vieillirons ensemble  » 

📸 Madonna en 1992 par Steven Meisel.

You Might Also Like

Leave a Reply