« T’es toujours avec ton petit jeune ? » On ne se voit qu’une à deux fois par an mais cette question, il n’oublie jamais de la poser.

Dans ce Nice-Paris nous ramenant à Orly un dimanche d’hiver, nous comatons épaule contre épaule. Il est sorti de scène tard et j’ai mal dormi, comme à chaque fois que je pars en reportage.

« Oui, toujours. »
Il fait mine de râler, je me marre.

Dans ce petit monde du vedettariat où la différence d’âge n’existe pas, où les quadragénaires ne s’inquiètent pas de savoir s’ils plaisent aux jeunes filles – ils leur plaisent, c’est comme ça – mon histoire avec un petit jeune l’amuse.

Il sait que rien ne sera mal interprété de ma part, qu’on se connaît assez, qu’il peut m’étreindre pour un câlin intempestif sans arrière-pensée, avec ce côté chien fou, tactile, méridional, la mèche ébouriffée, la cravate desserrée, cette dégaine qui le signe et fait tout son charme, auprès de la gent féminine comme masculine d’ailleurs.

Il sait que je l’adore, en tout bien tout honneur. Ce n’est pas un effort, de la retenue, une forme d’éthique professionnelle.
Des fantasmes, j’en ai d’autres. Mais pas avec lui.

Tant mieux, ça le repose.

« Tu fais quoi après ? » Je lui réponds que je file directement chez mes parents. Nous sommes le 6 décembre. Et dans ma famille à moitié allemande, on fête la Saint-Nicolas. L’idée lui semble exotique, charmante. « La Saint-Nicolas ? Je peux venir ? »

Il caresse le projet un instant, je sais qu’il le caresse vraiment, avec cette aisance sociale, cette force vitale qui le rend curieux de tout, particulièrement des vraies gens.

J’imagine la tête de mes parents, mes soeurs, mon mec, si je débarquais à un repas de famille avec Edouard Baer.

« Ce n’est pas de l’amitié », le chapitre 8 de « Glory Box » sera publié sur Kessel et envoyé dans vos messageries le 15 avril vers 17h. Infos et abonnement dans l’À propos de Glory Box.

Chapitres précédents :
1 – Pleurer des rivières (en accès libre et intégral)
2 – Les filles lisses
3 – Lost in L.A.
4 – L’open space
5 – Les ogres
6 – Nightcall
7 – Il n’en restera qu’un

You Might Also Like

Leave a Reply