Non moi je suis celle qui grignote debout, devant le frigo, en voiture, en marchant, à l’arrache. Celle qui tape dans les chips en préparant l’apéro et dans le plat pour saucer. Je mange comme une voleuse, un chat de gouttière, je mange comme on attrape quelque chose ou comme on le reprend. Moi qui n’ai pourtant jamais « manqué de rien ».

Jusqu’au soir où je comprends. Un soir comme les autres, justement. Je prépare le dîner en entendant mes filles crier dans la salle de bain, et ça jaillit dans le vocal que j’enregistre à mon amie filiforme, casserole à la main : « je mange pour récupérer mon espace ».

Ça jaillit comme si je l’avais toujours su.
Je mange contre le bruit, contre le monde, contre les sollicitations.
La nourriture est un espace que je récupère à force de partager le mien.

Ça jaillit comme une évidence et une impasse.
Parce que quoi, il faudrait me débarrasser des autres pour maigrir ?

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Chapitre 4 – LES KILOS DU COUPLE – Paru le 15 décembre 2024