Une journée dans la vie d’une assistante. Pas n’importe quelle assistante.
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Ce patron qui fait défiler les jeunes actrices dans son bureau, ou les convoque à l’hôtel, pas besoin de le montrer, pas besoin de le nommer. Autour, tout le monde sait. « Ne t’assois jamais sur ce canapé », ricane un collaborateur en faisant patienter un client dans l’antre du producteur.
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Tout le monde sait, soupire, s’agace des retards sur l’agenda, tout le monde sait quoi dire au téléphone, « il est en rendez-vous », « il est en projection ».
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Sur le visage des jolies filles qui sortent de l’ascenseur, tout l’espoir du monde. Sur celui de l’assistante, époustouflante Julia Garner, le désespoir.
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Comprendre que quelque chose ne va pas. Nettoyer les taches sur les coussins, ramasser les boucles d’oreilles sur la moquette. S’entendre dire cette phrase terrible par une collègue plus âgée « Ne t’en fais pas, elle profitera de lui davantage qu’il ne profitera d’elle ».
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« The Assistant » de Kitty Green est un film de peu de mots, construit dans la répétition des gestes, dans ce silence complice où résonnent d’autant plus le bruit de l’imprimante, les touches du clavier, les sandwiches qu’on avale, le combiné qu’on raccroche. 90 minutes minimalistes, quasi documentaires. Comme un cri qu’on étouffe dans un oreiller.

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1 Comment

  1. Sunny

    11 mai 2022 at 8h55

    Ce fichu silence qui la plombe. Les balbutiements de l’emprise pour garder sa place. Comment cet insupportable présence/absence à elle-même dérive vers la dissociation. Jusqu’à quand ? Jusqu’où ? La profondeur et la vérité du silence de Julia Garner impressionne.

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